1,3 milliard de followers sur Instagram : ce chiffre n’est pas celui d’une superstar isolée mais la somme des communautés fédérées par des influenceuses qui ont redéfini les règles du jeu. L’essor des influenceurs sur les réseaux sociaux modifie en profondeur les stratégies de communication des marques et la perception des tendances par le public. Certaines figures émergent en dehors des circuits traditionnels, bousculant les codes établis et imposant de nouvelles règles du jeu.
Des communautés se forment autour de personnalités qui s’engagent sur des questions de société, orientent les comportements d’achat et façonnent la réputation des entreprises. Ce phénomène met en lumière des dynamiques inédites et révèle des leviers d’influence insoupçonnés.
Quand les influenceuses redessinent les codes du blogging
Le paysage du blogging a longtemps été dominé par des figures masculines ou institutionnelles. Mais la donne change. Place à une vague de créatrices qui bouleversent l’écosystème digital. Le phénomène social media girl, né sur Instagram et TikTok, a donné naissance à une mosaïque de courants, soft girl, mid girl, It-girl, où chaque sous-culture affiche ses couleurs, ses valeurs, sa manière d’exister en ligne.
Derrière l’esthétique, c’est tout un mode d’expression qui s’impose. Ces créatrices de contenu règnent aujourd’hui sur Instagram, qu’il s’agisse de mode, de beauté, de fitness ou de voyage. Leurs noms résonnent, bien au-delà des frontières numériques : Leonie Hanne, Ashley (@best.dressed) bousculent les codes vestimentaires, NikkieTutorials revisite la beauté, Cassey Ho (Blogilates) inspire des millions avec ses conseils fitness, tandis que Kiki (@theblondeabroad) ou Katy Esquivel (@whatthechic) transportent leurs communautés au bout du monde. Leur force ? Tisser des liens authentiques, partager leur récit et affirmer leur vision singulière du quotidien.
Pour illustrer cette diversité, voici quelques exemples de parcours marquants :
- Emma Chamberlain et Madeline Argy revisitent la figure de l’It-girl, jonglant entre autodérision, sincérité et volonté de s’affranchir des stéréotypes.
- Jessica Nabongo, première femme noire à avoir foulé chaque pays du globe, insuffle une dynamique d’empowerment et d’ouverture rarement vue sur les réseaux.
La présence féminine ne se contente plus d’exister à la marge. Elle imprime sa marque, redéfinit les usages du blogging et réinvente nos imaginaires digitaux.
L’empreinte de SocialMediaGirl : simple tendance ou vrai mouvement de société ?
Le phénomène social media girl dépasse désormais la question du style. Il s’invite dans les débats sur la représentation et le changement social au sein de l’univers du blogging. Lee Tilghman (@LeeFromAmerica) en est l’un des symboles : après avoir promu le de-influencing, elle interroge la frénésie d’achat, décortique la pression sociale et questionne nos rapports à la comparaison en ligne. Le Child Mind Institute alerte aussi sur les effets psychologiques des réseaux et invite parents et adolescentes à un dialogue ouvert sur la santé mentale.
Les projets qui favorisent la diversité et l’inclusion dans le numérique sont fréquemment impulsés par des femmes. Clara Fresnel, cofondatrice d’ido-data et responsable du Global Digital Program d’Epitech Digital, a lancé des initiatives comme Ekily ou DIAL (conçu avec la SNSM et Philippe Starck) pour ouvrir la technologie à de nouveaux profils. Lou Perrot, diplômée de la même école, développe Loutiful et accompagne des entreprises en webmarketing. À travers leurs parcours, c’est tout un pan de la tech qui s’ouvre à d’autres voix.
Face à la pression de la visibilité, les jeunes filles cherchent à s’affirmer sans sacrifier leur authenticité. Les blogs féminins deviennent alors de véritables laboratoires d’expression, de récit personnel, mais aussi de réflexion sur une société plus inclusive.
Pourquoi leur voix pèse sur nos choix et nos engagements
Les influenceuses ne se contentent plus de lancer des tendances sur Instagram ou TikTok. Leur parole oriente nos façons de consommer, de travailler, de nous engager. Prenons l’exemple de Kylie Jenner, qui a bâti Kylie Cosmetics et Khy sur la puissance de sa communauté, ou de Jackie Aina, fondatrice de FORVR Mood et militante pour l’inclusion des personnes de couleur dans le secteur de la beauté. Elles ouvrent la voie à une nouvelle manière de faire du business, mais aussi à une remise en question des normes établies.
Voici comment leur impact se traduit concrètement :
- Entrepreneuriat : ces femmes créent leurs propres marques, modifiant profondément les pratiques commerciales et l’économie de l’influence.
- Engagement : Kristy Scott et Miracle Watts mettent leur notoriété au service de la diversité et de l’émancipation féminine.
L’influence féminine s’exprime aussi par des choix éditoriaux assumés, des prises de position sur l’égalité et la diversité. La crise du COVID a accéléré cette mutation : le travail s’est digitalisé, transformant les blogs et réseaux sociaux en espaces d’échange sur l’entrepreneuriat au féminin. Outre-Manche, une nouvelle génération d’influenceuses impose sa vision, fédère et mobilise. L’audience, elle, ne fait plus que regarder : désormais, elle s’implique, partage, agit.
Regards croisés : entre inspiration, critiques et nouveaux horizons pour les influenceuses
Le monde de l’influence féminine se situe à la frontière de la monétisation, de l’engagement et d’une quête de légitimité. Clara Fresnel et Lou Perrot, nouvelles figures du digital, incarnent cette génération qui entend transformer les usages. Leur parcours témoigne de l’affirmation d’une expertise féminine sur les réseaux, entre innovation technologique et responsabilité sociale.
Les discussions restent passionnées. La question de la valorisation ou de la remise en cause de l’influence féminine traverse la société et la culture contemporaine. Certains dénoncent la surexposition, la pression permanente, le brouillage entre expression personnelle et stratégie commerciale. D’autres, à l’image de Mari Smith (experte en marketing Facebook) ou Ann Handley (MarketingProfs), redéfinissent les standards, loin des clichés réducteurs.
Quelques exemples illustrent la diversité des trajectoires féminines dans la sphère numérique :
- LaSandra Brill, à la tête du Digital Planning chez NVIDIA, prouve que l’influence féminine dépasse largement la mode ou la beauté.
- Kimra Luna, fondatrice de Freedom Hackers, incarne la fusion entre entrepreneuriat et activisme digital.
La montée en visibilité de profils comme Maria Poveromo (Adobe), Melanie Mitchell (Microsoft) ou Alex Hisaka (LinkedIn) révèle une transformation profonde du secteur. Le débat sur la place des femmes dans les espaces numériques alimente une réflexion collective : qui façonnera demain nos réseaux sociaux, et sous quels visages ?


